« Il faut tout un village pour élever un enfant »
Ce jeudi 7 novembre marque la 9ème édition de la Journée nationale consacrée à la lutte contre le harcèlement scolaire. Une journée pour affirmer l’indispensable intransigeance dont nous devons faire preuve face à ce fléau. Car s’il prend de l’ampleur, c’est que notre société est de plus en plus violente et que les canaux de diffusion de cette violence sont de plus en plus nombreux.
Dès lors, plus que jamais, rappelons-nous que la protection de nos jeunes passe nécessairement par une communauté de vie solidaire et bienveillante. Comme le dit le proverbe, « il faut tout un village pour élever un enfant ».
La lutte nécessaire contre une violence en hausse et aux formes multiples
Plus d’un enfant par classe en moyenne souffrirait de harcèlement scolaire dans nos territoires français. C’est ce que révélait la première enquête de grande ampleur de l’Education nationale en février dernier. Aux formes de violence qui ont tristement traversé les âges, s’est ajouté l’accroissement de la cyber-violence qui conduit à un harcèlement dépassant l’espace et le temps de l’école : la violence, avec ses nouveaux outils, se poursuit jusque dans les foyers et s’inscrit dans un temps permanent, qui ne laisse pas de répit aux enfants harcelés.
Lutter contre toutes les formes de harcèlement scolaire, c’est refuser la dégradation de la santé physique et mentale de nos enfants : isolement, anxiété, troubles dépressifs, troubles alimentaires… À l’âge de la construction de soi et de la découverte de l’autre, ces maltraitances entre élèves - et l’auto-maltraitance qui en découle souvent - sont intolérables.
Toutes et tous responsables face à une urgence de santé publique
Le harcèlement à l’école doit être combattu avec d’autant plus de fermeté que les stigmates demeurent longtemps après l’expérience scolaire, et produit des générations d’adultes abîmés par une violence qui a marqué leur apprentissage du collectif.
Chacune et chacun d’entre nous est, de fait, acteur d’une large communauté éducative, pour former les prochaines générations de citoyens bienveillants et solidaires, aptes à construire ensemble. S’accorder les moyens de cette ambition, c’est pouvoir prévenir ces violences dès le plus jeune âge, mettre en œuvre des sanctions adaptées et à l’écoute des spécificités familiales, c’est disposer de canaux d’aide et d’écoute évidents pour les victimes, c’est s’appuyer sur un personnel éducatif suffisant et formé, mettre en œuvre un dialogue actif avec les parents et investir les outils numériques pour sensibiliser, déceler, sanctionner et évaluer.
C’est notre rapport à la jeunesse, à l’école, aux formes du dialogue et au collectif qu’il nous faut repenser pour répondre à ce qui se mue progressivement en une urgence de santé publique.
On ne négocie pas le bien-être de nos enfants
Le Département de Lot-et-Garonne prend pleinement sa part parmi les acteurs de la communauté éducative, et s’attache à déployer dans le cadre de ses compétences, et parfois même au-delà, un arsenal d’actions adaptées aux besoins de nos enfants, notamment dans le cadre de la convention éducative départementale et en complément du dispositif pHARe de l’Éducation nationale. Des ateliers de sensibilisation, de réflexion collective et des rencontres avec des associations de lutte contre le harcèlement scolaire sont menées dans nos collèges. Des ambassadeurs du harcèlement sont formés, pour que les enfants deviennent eux-mêmes les acteurs du changement. Nous amenons le théâtre-forum au collège, pour apprendre à aborder et désamorcer les conflits. Nous soutenons une vigie éducative numérique à travers le travail de l’association Sauvegarde et le dispositif “Les Promeneurs du Net” qui rassemble des professionnels de la mission locale, de la maison des jeunes et de centres sociaux pour aider nos enfants à appréhender les réseaux sociaux.
Si l’ensemble des actions du Conseil départemental ont vocation à compléter le parcours éducatif au sein des établissements scolaires, nous ne pouvons faire l’économie d’un personnel suffisant en nombre et qualifié pour une prise en charge efficace. Alors que les enseignants se disent seuls et dépassés face à l’exacerbation des violences à tous les âges de l’apprentissage, les récentes annonces gouvernementales pourraient priver nos écoles françaises de 4000 enseignants si les suppressions de postes étaient confirmées.
Je dénonce cette incohérence dans la nécessaire conduite d’un projet éducatif solide et adapté à la lutte contre un harcèlement scolaire de plus en plus complexe et dont les moyens sont à renforcer, non à purger ! Dès lors qu’un diagnostic est précisément posé sur la façon dont le harcèlement scolaire se répand, il nous faut plus que jamais défendre une école à la hauteur d’un bien-être non négociable pour nos enfants.
Le Département de Lot-et-Garonne accompagne, sans relâche et pas à pas, l’ensemble des personnels éducatifs, des acteurs de terrain et des parents dans la protection des jeunes lot-et-garonnais.