Les raisons de la colère
L’acte II de la colère agricole qui s’exprime aujourd’hui en dit long sur l’impasse dans laquelle nous sommes au plan national et européen. 10 mois après les premières mobilisations, nous voici revenus au point de départ ou presque.
Une dissolution, des insuffisances, des promesses non tenues… voilà déjà des raisons suffisantes pour crier à nouveau sa colère. Pire, au fond, l’immobilisme sur le « changement de logiciel » que les agriculteurs appelaient de leurs vœux n’a pas eu lieu, la montagne accouchant non pas d’une souris mais du Mercosur !
Alors, il faut se dire que le pire est évitable, mais si et seulement si la résistance s’accompagne d’une remise à plat complète du modèle. Au Département nous avons voté une motion contre le Mercosur il y a déjà plusieurs semaines, de la même manière que nous l’avions fait avec le TAFTA à l’époque.
« Importer massivement des productions agricoles cultivées ou élevées avec des substances interdites en Europe serait un contresens sanitaire, économique et environnemental. Cet accord sape les bases de notre souveraineté alimentaire », alerte François Sauvadet, président de Départements de France, à l’appui de la résolution adoptée par l’ADF ce 19 novembre à l’unanimité.
Tant que l’agriculture française ne sera pas à armes égales avec ses voisins européens et que le marché international dictera ses lois, nous ne ferons que ralentir un processus inéluctable.
Pascal Coste, président de la commission agriculture de Départements de France, souligne : « L’arrivée massive de produits agricoles à bas coût, soumis à des normes moins strictes, désavantage nos producteurs qui en plus d’un cauchemar bureaucratique doivent faire face à une véritable crise des vocations. Nos jeunes hésitent à s’engager dans ce métier essentiel pour l’indépendance de la Nation ».
Pour cela, il faut du courage politique, poser des conditions, des rapports de force et les négocier au plan européen et mondial. Sinon, toutes les promesses de jours meilleurs pour nos agriculteurs ne seront que de belles paroles.
Et, j’ai la lucidité de penser que si, malgré tous les efforts que nous faisons localement - au plan départemental ou dans nos communes - pour soutenir l’agriculture et promouvoir le manger local, la puissance publique nationale ne protège pas ce trésor national, aucune solution durable ne sera à portée de main.