Historiquement, nous sommes une terre d’avenir

Nous recevions cette semaine une délégation de la Collectivité européenne d’Alsace ; un accueil qui s’inscrit dans une longue tradition fraternelle.

Au-delà des relations institutionnelles que nos deux départements entretiennent, une amitié solide s’est construite. Notre jumelage est le fruit de l’histoire. Mais s’il perdure avec autant d’intensité jusqu’à aujourd’hui c’est grâce aux femmes et aux hommes qui entretiennent la flamme de l’amitié depuis plus de 80 ans. Notre histoire commune est née de la tragédie de la Seconde guerre mondiale. Au total, ce sont près de 300 000 Alsaciennes et Alsaciens qui furent contraints à l’exode en 1939, trouvant refuge en Lot-et-Garonne et dans d’autres départements du Sud-Ouest.

Plus de 70 communes, situées pour l’essentiel dans le Marmandais, le Villeneuvois et le Pays de Serres, ont été choisies pour accueillir les exilés. Alsaciens et Lot-et-Garonnais ont appris à vivre ensemble et à se serrer les coudes pour surmonter les épreuves de cette époque. Ils ne se connaissaient pas. À peine avaient-ils en tête quelques images d’Epinal sur leurs régions respectives. Cette histoire bâtie dans la tourmente est faite de déchirures et de douleur, celle de la séparation de familles, mais aussi de joie, celle des relations amicales et parfois amoureuses forgées au fil du temps.

Je n’oublie jamais que derrière l’histoire des batailles militaires, des affrontements à l’échelle de continents, il y a ces milliers d’histoires de vie et cette « solidarité des petits gestes » selon l’expression de l’historien Jacques Semelin qui a sauvé des vies, évité le pire, donné une chance de survie. Cette solidarité qui était du côté de la vie face à la destruction et à la folie meurtrière se retrouve dans notre tradition d’accueil.

En Lot-et-Garonne, la tradition de l’accueil n’est pas un folklore, ni une pratique désuète. L’accueil n’est pas d’un autre temps, il n’est pas une utopie sentimentale. Il est de notre époque, il est une valeur que je porte avec conviction.

Pourquoi le Lot-et-Garonne a été et reste une terre d’accueil ? Parce qu’il est une terre d’avenir aux yeux de ceux qui ont souhaité une vie meilleure quand le sort s’est acharné contre eux.

Notre territoire a été, au moment les plus sombres de notre histoire, l’avenir de celles et ceux qui craignaient de ne plus en avoir.

Nous sommes historiquement une terre d’avenir. Et c’est un avenir que nous construisons pas-à-pas.