L’eau, notre bien commun
Il y a un peu plus d’un an, le Conseil départemental accueillait un colloque sur le thème « Ressource en eau et territoires : construisons ensemble notre avenir », organisé par le GIE Thematik’. J’ai eu le plaisir d’ouvrir hier une nouvelle rencontre, pensée comme un prolongement des précédents échanges, sur le thème de la souveraineté alimentaire et de la gestion de l’eau en agriculture.
Nous savons tous que notre avenir va être de plus en plus profondément impacté par le changement climatique. Nous en subissons déjà les conséquences. Ce changement s’illustre par la recrudescence des épisodes de sécheresse, des pluies violentes, des gels intenses, des incendies… Dans ce contexte, l’accès à l’eau devient plus que jamais vital pour la survie de nos sociétés.
Parler des usages de l’eau est toujours compliqué. Les conflits d’usage, incontestablement, existent et se sont même accrus. Il est même arrivé qu’ils s’expriment dans la violence. J’ai la conviction que le débat sur la ressource en eau et sa préservation est un débat politique, au sens noble du terme, en ce sens qu’il doit nous permettre d’imaginer en commun un futur possible, en préservant tous les usages, en tenant compte de tous les besoins.
Dès lors, comment aborder ces débats ?
Il s’agit en premier lieu de regarder ces sujets avec sérénité, en sortant des postures, de remettre de la pensée et de la raison dans les débats. Nous devons poursuivre l’objectif de faire émerger le consensus le plus large possible, même si nous savons que ces sujets sont difficiles et que l’unanimité y serait en réalité suspecte, car elle serait un paravent pour l’inaction. Il s’agit aussi d’avoir la lucidité de prendre les décisions que la situation impose, d’anticiper ses évolutions, mais en ayant toujours la volonté de les accompagner pour les rendre acceptables, c’est-à-dire finalement possibles.
Une fois ces objectifs posés, le premier axe de travail doit être d’assurer la protection de la ressource en eau, qui est un bien précieux, de l’économiser, d’en assurer le partage et de l’utiliser à bon escient.
Toutefois, si elle doit être protégée, l’eau n’en reste pas moins nécessaire pour beaucoup d’utilisations, et parmi ces utilisations il y a l’usage agricole. Il ne sera jamais possible de faire de l’agriculture sans eau. Il ne sera sans doute jamais possible, en tout cas philosophiquement pas souhaitable, de nourrir les hommes sans agriculture. Ce sont des évidences qui méritent d’être rappelées.
Le deuxième axe de travail à développer, c’est celui de l’adaptation. Adapter nos cultures, évidemment, pour consommer moins d’eau, tout en assurant une production de qualité. Le travail engagé par de nombreuses filières est une des clés du succès. Ce travail, il nous faut l’amplifier et le généraliser.
Le troisième axe de travail, c’est celui de l’accès à la ressource en eau, et de son partage. S’il faut être déterminé pour assurer un accès à l’eau au monde agricole, il faut le faire avec méthode.
Et cette méthode passe par l’analyse objectivée des besoins et des différents usages ; elle passe par la nécessité de ne pas obérer l’avenir, celui de nos écosystèmes et des hommes qui y vivent ; elle passe par l’écoute et le dialogue dans le respect mutuel ; elle passera, sans doute, par des sacrifices et des efforts d’adaptation partagés.
Il s’agit de faire émerger des solutions qui s’inscrivent dans la durée, en sortant des postures, qu’elles soient des postures de déni ou des postures idéologiques. En remettant l’approche rationnelle et scientifique au centre des réflexions et donc des décisions politiques.
La gestion de l’eau, chacun le mesure, est un sujet éminemment complexe que nous devons regarder en face, sans quoi c’est l’ensemble de notre agriculture et de notre pays qui se retrouverait fragilisé.
Il en va du bien être des nos populations. Il en va du maintien de notre attractivité, dans de multiples domaines. Il en va de l’avenir de la survie de notre agriculture. Il en va de l’avenir de notre territoire.