L’anxiété de la société a ses raisons que la raison de l’action publique ne saurait ignorer
Comme chaque année, le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) a publié son rapport sur l’état de la France, portant les préoccupations de nos concitoyens. Et les indications données par ce baromètre ne sont pas bonnes. Les Français témoignent de perspectives très pessimistes, tant pour leur propre avenir (et celui de leurs enfants) que pour celui du pays.
Ces inquiétudes sont légitimes et doivent faire réagir. D’autant plus qu’elles sont les conséquences d’une situation avant tout subie par les Français, sur laquelle ils n’ont ni prise, ni responsabilité.
Quand le « pouvoir » d’achat n’en est plus un…
Sans surprise, les préoccupations liées au coût de la vie et au pouvoir d’achat occupent une place primordiale dans l’esprit des Français. Dans un contexte d’inflation et d’enchaînement des crises, leur situation financière dicte la vie des foyers et s’érige en angoisse du quotidien.
Le rapport du CESE met en avant des chiffres extrêmement préoccupants : près de la moitié des Français estiment que leur pouvoir d’achat ne répond qu’à leurs besoins essentiels, voire ne les satisfait pas. La différence entre les salaires et le coût de la vie, qui ne cesse d’augmenter, crée un décalage devenu insupportable pour une part considérable de la population, qui parvient à peine à couvrir ses dépenses incompressibles portant, prioritairement et de plus en plus souvent exclusivement, sur le logement, la nourriture, l’énergie, le véhicule…
Dans un tel contexte, peut-on encore vraiment parler de « pouvoir » ?
La capacité à vivre et à consommer a progressivement été réduite au point de se transformer en une soumission. Le pouvoir d’achat n’est plus un indicateur réaliste pour penser la vie des Français. Si bien qu’il est désormais plus juste de parler de reste à vivre.
Jour après jour, mois après mois, ce « reste » ne permet à nos concitoyens de ne s’offrir que vie au jour le jour et peur du lendemain.
Nous, pouvoirs publics, devons urgemment entendre leurs alertes et agir pour améliorer concrètement le quotidien, au lieu de nous concentrer sur des indicateurs économiques globaux, inadéquates et incapables de traduire la réalité des Français. 0,2 point de chômage en moins ne sauraient rendre justice aux millions de travailleurs et travailleuses précaires d’une nation « thatcherisée ».
« L’éco-anxiété », un nouveau mal qui touche toutes les générations
Dans son rapport sur l’état de la France, le CESE met également en avant un niveau alarmant de ce qu’il nomme « éco-anxiété », générée par deux injonctions contradictoires entre la nécessité d’agir et l’incapacité d’agir, ou en tout cas suffisamment.
Les chiffres sont sans équivoque : 8 français sur 10 expriment une forte inquiétude face au dérèglement climatique et à ses conséquences. Cette inquiétude s’exprime de manières diverses, mais remonte à la surface comme un effroi partagé face à des perspectives climatiques alarmantes et de plus en plus concrètes. C’est un problème global, déterminant pour notre avenir, et ce n’est pas un hasard si le rapport du CESE montre qu’il transcende les générations et les statuts sociaux.
Le rapport du CESE a beau pointer le rôle déterminant des entreprises et des institutions dans la transition écologique, rien n’y fait : dans la population, le sentiment de fatalité grandit. Et la lucidité de nos concitoyens pèse lourd, en particulier pour notre jeunesse, presque convaincue que son avenir ne peut que s’assombrir. Cette affliction est un problème majeur de notre temps.
À mesure que nous laissons le fatalisme s’installer, nous faisons grandir le risque de dégâts majeurs et irréversibles sur notre environnement, sur nos infrastructures, sur notre cohésion sociale, sur notre avenir en tant que Nation.
Les constats sont dramatiques et il n’y a qu’un seul et unique remède. L’éco-anxiété comme la précarité doivent de toute urgence être traitées par l’action. Nous nous devons d’écouter les inquiétudes exprimées par le peuple.
Nous nous devons de donner des réponses, des solutions, des actes concrets.
C’est bien l’impulsion que j’entends donner à la session d’orientations budgétaires de notre assemblée départementale le 15 décembre prochain, pour nous permettre d’avancer ensemble, pas-à-pas, vers un avenir plus serein.